Théma sur l'adaptation littéraire en BD

Les vacances d'été étant synonyme de l’arrêt des parutions, c'est souvent l'occasion de se plonger dans la relecture de classiques ou la découverte de romans encore jamais lus. Mais, savez-vous qu'il existe une autre façon de découvrir un roman, de manière immersive, sur un temps de lecture moindre ? Comme le titre de cet article l'indique, il s'agit bien sûr de l'adaptation littéraire en BD. Comme le cinéma, la BD offre un support visuel et une mise en scène complémentaire à la lecture d'une œuvre littéraire. Évidemment, cela a ses atouts et ses limites. Mais lorsqu'une adaptation est réussie, elle peut parfois transcender l’œuvre originale. Le principe même de l'adaptation est un exercice intéressant pour ceux qui le maîtrisent (comme Tardi sur les adaptations de Léo Malet, par exemple) car cela leur offre plusieurs voies possibles. 

Il y a tout d'abord l'adaptation fidèle qui est certainement ce qu'il y a de plus casse-gueule car cela implique de respecter au plus près l’œuvre originale tout en y apportant l’intérêt que représente le format BD. Beaucoup d'auteurs s'y tentent avec succès (Nymphéas Noirs de Duval et Cassegrain, Serena de Pandolfo et Risbjerg), mais pas mal échouent également à la rendre intéressante, je pense notamment aux adaptations de textes classiques dans différentes collections d'éditeurs BD. Je pense également au mauvais choix de l’œuvre adaptée : En attendant Bojangles publié aux éditions Steinkis est un bel exemple de ratage à ce niveau, car la BD n'apporte absolument rien au roman de Bourdeault.

Il y a ensuite l'adaptation libre, l'un des formats les plus intéressants pour ce genre. Elle a l'avantage d'offrir une réinterprétation sous un autre angle d'une œuvre originale et de partager la vision d'un auteur différent. En plus, tout devient possible avec ce procédé : raconter les origines d'un personnage (Peter Pan de Loisel), relater la suite des évènements du roman original (Long John Silver de Dorison et Laufray), changer d'univers (Ulysse de Lob et Pichard, Salammbô de Druillet), changer d'époque (Jane de Brosh McKenna et Pérez, Chiisakobé de Mochizuki), s'inspirer de l’œuvre originale pour mieux la reconstruire (Le Château des Animaux de Dorison et Delep, Gemma Bovery de Posy Simmonds) ou encore la parodier (Bob Marone de Yann et Conrad, Gulliveriana de Manara).

Enfin, j'ajouterai une catégorie moins connue, car plus subtile : l'adaptation inspirée. J'entends par là que l’œuvre originale n'est plus identifiée à proprement parlé, mais qu'elle fait partie d'un ensemble cohérent de références. Le plus bel exemple de ce cas étant le travail de Moore et O'Neil sur La ligue des Gentlemen Extraordinaires.

Si vous désirez connaitre le nom de l'écrivain et le titre de l’œuvre originale, il vous suffit de survoler l'image de la couverture.