Au mois de mars
dernier, je lançai à mes camarades dessinateurs un défi en ces termes :
"...Célébrons ENSEMBLE, fiers compagnons de la
ligne et du signe, une journée mondiale. J'ai choisi la journée
mondiale de l'environnement fêtée le 5 juin prochain. Je vous
invite, si vous en êtes d'accord, à faire une réalisation graphique (dessin,
planche BD, illustration, portrait, strip,...) accompagnée d'un texte lié à cet
évènement (article, poème, dialogue, critique, souvenir personnel...) Le tout
sera publié bien sûr, sur Improzine. C'est bate, non !?
J'attends vos réponses survoltées d'enthousiasme. Une
seule condition mais c'est la plus importante : il faut que nos travaux
soient publiés le matin du 5 juin*, donc anticipez, chers compagnons créatifs,
anticipez…"
J'aime l'idée que
se croisent les styles autour d'une incitation qui n'est finalement qu'un
simple prétexte. Mais suffisamment intéressant et suffisamment intrigant pour
que chacun se lance dans une composition personnelle. Aucune entrave à
l'expression ni à l'imagination, tout était possible, tout était envisageable,
à chacun de s'approprier un sujet que j'ai posé sans justification claire et
définie. Rien de polémique dans cette proposition, juste l'envie de se
rencontrer grâce à notre sensibilité, notre humour, notre poésie et notre
esprit d'à-propos à la faveur d'un sujet que j'ai déjà traité auparavant.
* Une petite
concession : les images peuvent être publiées sur Improzine, jusqu’à 22 heures !
Alors, voyons ces
images...
Ma multitude - Dessin au feutre et DAO - 36 x 36 cm
Quand j’étais
enfant, je partais souvent en vacances à la montagne, au bord de la mer, ou à
la campagne, loin de chez moi. A l’époque, c’était surtout pour moi la
possibilité d’être parmi mes amis et faire de nouvelles connaissances, de vivre
des aventures et d’être chouchoutée par les monitrices et les moniteurs.
C’était aussi partir loin de mes parents auprès desquels, parfois, je ne savais
pas toujours où était ma place. En colonie, j’étais une enfant en vacances tout
simplement.
Aujourd’hui, je
suis adulte, j’habite une grosse ville que je n’ai pas choisie. J’y habite
depuis longtemps, trop probablement. Elle
n’a jamais réussi à me séduire ou à gagner ma confiance. Juste à me rendre
peureuse et parfois aigrie. J’avoue qu’elle me donne parfois la nausée. J’y vis presque comme une ombre et quand je partirai pour m’installer ailleurs, je ne
laisserai aucune trace derrière moi. Dans cette attente, dans l’attente du jour
où je pourrai installer ma petite famille dans des lieux plus calmes et moins hostiles, je
m’organise des petits voyages.
Pour m’aérer les
sentiments, m'assainir les pensées.
Mais le retour est toujours
dur, oui, le retour gris béton malgré le ciel bleu, le retour populeux malgré les
dimanches soirs, le retour bruyant malgré l’heure tardive. Le retour en terre urbaine me serre le
cœur. Peut-être s’il y avait plus d’arbres du côté de chez moi, peut-être si
les automobilistes roulaient moins vite, peut-être si les citadins ne
ressentaient pas le besoin de hurler leur présence ou de jeter les lambeaux
nauséabonds de leur existence sur la chaussée, peut-être s'il n'y avait pas cet immeuble qui limite ma vue perspective, peut-être serait-elle acceptable.
Mon environnement
quotidien, multitude urbaine, vociférant et vulgaire, je dois le réinventer à
chaque fois. Jusqu’au nouveau départ. Puis jusqu'au départ définitif pour un environnement plus bienveillant. Car je soupçonne cet environnement-ci de bouillonner d'une vie malsaine et pesante.
Ici, dans cette
composition, pas de réinvention, plutôt une exacerbation involontaire d’un sentiment qui m’habite
parfois, l’agression, et d'une crainte, celle de me faire engloutir, envahir, emmurer.
Ici, là-bas, toujours étrange et étrangère. Forcée de sourire.
Je repense souvent à la mer, à la montagne et à la campagne de mon enfance et de ma prime adolescence. Et à ce moment où le pied à nouveau posé sur le sol de la ville familiale, avec derrière lui les rires et les bêtises amis, j'ai le coeur qui se serre avec l'impression d'une perte infinie.
ema dée
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