mardi 31 janvier 2012

Quelques réflexions à propos de l'affaire MEGAUPLOAD


http://nsm07.casimages.com/img/2012/01/31/120131080959447809374515.jpg En me réveillant de bon matin ce 19 janvier dernier, rien ne me préparait à ce que j'allais découvrir en lisant les actualités sur Google. Quel ne fut pas ma surprise de lire l'annonce de la fermeture définitive du site Megaupload par le FBI. Un peu abasourdi par la nouvelle, je m'en vais constater de visu les conséquences désastreuses de cet acte de terrorisme numérique pur et simple…
Mais pour les non-avertis, qu'est ce que c'était Megaupload ?  Tout commence en 2005 par une idée simple : permettre à n'importe qui sur la planète de partager des oeuvres rares, perdues, oubliées, classiques ou originales, ou encore des données personnelles en les téléchargent facilement par le biais d'un service d'hébergement. Voilà ce que représentait un outil comme Megaupload pour un grand nombre de passionnés. La simplicité, la rapidité du chargement et l'ergonomie du site ont vite permis à de nombreux sites et blogs d'échanges de voir le jour. Je pense notamment à "La Caverne des Introuvables" (aujourd'hui fermé) dont le principe était de faire (re)découvrir des films originaux inexploités en DVD ou en salles, bien souvent provenant d'enregistrements VHS tout droit sortis des greniers de cinéphiles éclairés ou tordus. Mais cela ne s'arrêtait pas là, le site donnait aussi la possibilité à des particuliers de partager leurs films de famille ou encore à des entreprises d'accéder à "un cloud computing" (concept de déportation de stockage de données et de traitements informatiques sur des serveurs distants) pour peu de frais.

http://nsm07.casimages.com/img/2012/01/31/120131053041447809373219.jpg Voilà donc ce que l'action sans précédent des cow-boys du FBI a anéanti… Prétextant la lutte contre le "piratage", les Etats Unis - toujours à la recherche d'un nouvel ennemi à combattre - se sont arrogés le droit et sans sommation de mettre sur le carreau des millions d'utilisateurs dans le monde, provoquant ainsi la colère de toute une communauté.
A partir de là, on peut raisonnablement se poser la question : Mais jusqu'où seront-ils capables d'aller pour tenter de museler le net et d'imposer leur diktat ?
Comment a-t-on pu laisser faire un acte aussi grave et criminel que celui-là sans réagir? Lorsqu'on entend les réactions de nos chers politiques de gauche comme de droite, il y a vraiment de quoi être choqué. Interrogés sur l'affaire, nombre d'entre eux trouvent cette fermeture normale. « Vous comprenez, tous ces odieux pirates spoliaient les malheureux et pauvres ayants droit et risquaient de les ruiner rien que par le fait de télécharger une oeuvre sans leur reverser un seul centime
 s."http://nsm07.casimages.com/img/2012/01/31/120131113537447809375830.jpg Oui mais voilà, n'importe quel ayant droit pouvait faire retirer à tout moment une oeuvre dont la mise à disposition sur Megaupload lui portait préjudice. Quant à l'économie du marché du Cinéma, elle n'a jamais été aussi en forme. Les cinémas font salle comble et la vente de DVD/Blu-ray est au beau fixe. Qui peut encore croire que l'industrie du disque ou du cinéma peut souffrir réellement du téléchargement « illégal »? Réponse : Les gouvernants des Etats -Unis et il y a pas si longtemps, la France. Depuis 2009 il existe la loi HADOPI. Entièrement financée par nos impôts, elle permet de protéger les intérêts d'entreprises privées de toute tentative frauduleuse de partage d'une oeuvre par le biais d'Internet. Chouette idée, non? http://nsm07.casimages.com/img/2012/01/31/120131053041447809373218.jpgEt rassurez-vous, en retour, pas un seul studio ou major ne vous permettra d'accéder à leurs oeuvres gratuitement, votre argent est donc bien utilisé! L'HADOPI se sert donc d'un argent qui devrait soutenir d'autres domaines de la République bien plus utiles, fondés et justifiés. En somme l'argent des plus pauvres sert une fois de plus à garantir le confort des plus riches. Il est vrai que le budget de l'HADOPI (la subvention prévue pour 2012 s'élève à 12 millions d'euros), n'aurait pas pu être utilisée pour l'Education ? Peuh, les jeunes sont tous de futurs chômeurs. La Santé ? Bah, de toute façon, faut bien mourir de quelque chose.  La Culture ? Boaf ! Qu'est- ce qu'on s'emmerde à vouloir restaurer des vieilleries, faut aller de l'avant, les gars. Ou encore l'Ecologie ? Holalalala toujours alarmistes. Z'êtes bien contents d'avoir l'électricité chez vous et de vous déplacer en voiture à essence, non?… Et le plus beau de la loi HADOPI, c'est qu'elle se donne toute autorité pour surveiller, contrôler et punir en toute impunité vos déplacements sur la Toile. Génial, la liberté du net en France!
  Mais l'invention d'Internet, c'est quoi au départ ? Une zone de partage, libre d’expression, apolitique et sans tendance. Et surtout accessible à tous ! Quand ont commencé à se créer des sites et communautés privées à accès réservé, déjà on égratignait l’idée de départ. Megaupload était LA pure expression de cette belle idée, une idée qui a été pervertie parce que le grand cheval de bataille des nations est de toujours et encore le contrôle des gens via Internet ? Alors, où en est cet idéal de liberté si on ferme des plateformes, si on limite l’accès à certains sites, si on supprime des connections payées par chacun? Une utopie ?
http://nsm07.casimages.com/img/2012/01/31/120131053041447809373217.jpg
J'ai fait un rêve, qu'un jour une nation numérique se lèverait et vivrait la vraie signification de cette croyance : "Nous tenons ces vérités comme évidentes : que tous les hommes naissent égaux." J'ai fait un rêve, qu'un jour cette nation ne serais pas tributaire des politique ou des religions. J'ai fait un rêve, qu'un jour tous les pays du monde reconnaitraient cette nouvelle démocratie virtuelle. J'ai fait un rêve, qu'un jour cette nation accueillerait sans discrimination tout ressortissant se sentant opprimé dans son pays de naissance, sans distinction de sexe ou de race. J'ai fait un rêve aujourd'hui…

Ce rêve, vous pouvez en avoir un aperçu dans le film 8th Wonderland de Nicolas Alberny et Jean Mach, sorti en 2010 et disponible en DVD.